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Photo du rédacteurGeneviève Lazaron

Et si on parlait des femmes "Rom" pour cette Journée Internationale des Droits des femmes?


Mon discours lors de la matinée d'étude de ce 8 mars 2018 sur le sujet:

La très grande précarité et l’absence de logement touchent un nombre croissant de femmes. Ces quelques dernières années, les données indiquent même une aggravation de la précarisation des femmes. La perte de logement constitue bien sûr la première raison qui pousse des personnes, hommes ou femmes, à s’adresser à une structure d’accueil d’urgence ou à vivre en rue.

Aujourd’hui, une journée est entière dédiée aux femmes. Nous sommes nombreuses en tant que femme à nous être battues et à poursuivre notre lutte contre les discriminations qui nous ont été et qui nous sont parfois encore destinées. Cette journée est là pour dénoncer toutes ces incohérences, ces injustices dont beaucoup restent encore victime.

Cette année est néanmoins quelque peu particulière car, comme vous avez sans doute pu l'apercevoir, le thème donné ne se consacre pas uniquement aux Femmes de manière globale. Cette année, nous avons décidé de cibler les "Femmes roms" issues des "Gens du Voyage" comme nous les appelons. Il s'agit là d'une minorité mais l'attention à leur porter n'en est pas moindre, bien au contraire.

Certains pourraient s’étonner du fait qu’un logement fixe n’est pas toujours associé à l’idée qu’on se fait des femmes roms. Pourtant il est constaté que parmi les femmes sans domicile fixe beaucoup sont originaires de la communauté des gens du voyage qui, semble-t-il, cherche plus de sécurité.

Ce thème précis a été choisi suite au Décret wallon de 2009 redéfinissant l’Egalité des chances, la lutte contre les discriminations envers la minorité que représente le peuple des Gens du voyage. Il s’agit d’un décret pour venir en aide aux conditions de vie "d'errance" de ces dames. Autant celui-ci n’est pas encore mis en place autant nous poursuivons notre combat afin qu’il puisse être accepté. De façon concrète, à Namur, un espace est déjà prévu pour l'accueil des Gens du Voyage à Lives-sur-Meuse depuis plusieurs années. Néanmoins, ces mesures ne sont pas suffisantes et les sites ouverts à ces citoyens restent peu nombreux.

Si l'on constate une recrudescence du phénomène, s'ajoute à cela le fait que de nombreux enfants en bas âge sont également concernés par ces conditions parfois précaires ou instables. Aussi, la question de l'accès au logement refait surface pour garantir davantage d'émancipation et d'autonomie à ces personnes.

En transversalité avec le Centre de Médiation des gens du Voyage et des roms de Wallonie et les services publiques: ministères, administrations, associations compétentes, nous consacrerons cette matinée au développement de la question des femmes roms errantes mais également au levier incontournable que représente l’accès au logement pour leur garantir davantage d’émancipation et d’autonomie.

Globalement, le sans-abrisme des femmes, roms incluses, est en forte augmentation. Cette situation fait principalement suite à une perte du logement, souvent due à une séparation qui provoque l’appauvrissement, le plus souvent des femmes, vu les inégalités de genres. En dix ans, le nombre de ces femmes errantes serait passé de 18% à 25%.

Bien entendu cette problématique en engendre d’autres : traces psychologiques, risque de violence ou de harcèlement, etc. Afin de se protéger certaine femme sont même amenée à nier leur identité première : « Et pour celles qui ont tout perdu, jusqu'à la sécurité d'un toit, être une femme veut souvent dire renoncer à être femme. » Extrêmement vulnérables, ces femmes en errances tentent à devenir invisible pour se protéger, négligeant leur apparence physique jusqu’à gommer leur féminité.

Ensemble, trouvons des éléments de réponse et de solution pour permettre à ces femmes d'être plus indépendantes, plus libres et de bénéficier de tous les droits que souhaiterait toute femme. Et notamment l’un des exemples parmi les plus indispensables : la possibilité d'accéder au minimum de confort de vie au travers d'un logement pour elle mais aussi pour ses enfants.

J'espère vivement que nous ressortirons grandi et davantage conscientisé à cette problématique qui correspond au quotidien d’un grand nombre de femmes.

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