Le Printemps des Femmes
Mercredi 21 mars
Une initiative de l’association de fait « 100 ans au Féminin Pluriel »
Le 8 mars dernier, l’association « 100 ans au Féminin Pluriel », rassemblant 13 particuliers et associations sensibles à la cause des femmes de l’arrondissement de Namur, signait une Carte Blanche et un Appel au Printemps des femmes, bien relayés par la presse. Le point de départ : en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, on pense généralement que tout est acquis. Nous ne le pensons pas. Nous avons même la conviction qu’il n’est pas temps de baisser la garde, en ces temps de rigueur budgétaire qui touchent prioritairement les plus fragiles.
Une première réunion de travail a eu lieu ce mercredi 21 mars. Son Objectif ? Constituer un petit groupe de travail qui souhaite réfléchir aux politiques locales à encourager pour une meilleure égalité entre les femmes et les hommes, en cette année d’élections communales et provinciales.
Trois thèmes ont rapidement émergé : Femmes et Précarité, Femmes et Formation, Femmes et Emploi.
« L’insertion sociale et professionnelle reste donc le fil rouge et la préoccupation majeure des femmes », a constaté Dorothée Klein, porte-parole et membre fondatrice de 100 ans au Féminin Pluriel.
Femmes et Précarité.
Pour une ville dite bourgeoise, comme Namur, il est remarquable de constater que 100 ans au Féminin Pluriel rassemble plusieurs associations s’adressant à un public précaire et notamment aux femmes issues de l’immigration, comme Josette Yengo d’Asefora ( Aides Services Formations Accompagnements), une asbl créée en 2009 et a comme objectif prioritaire de favoriser l'intégration des personnes de toutes origines en participant au développement économique, social et culturel.
Excusées, Béatrice Bashizi et Sylvie Grolet de l’asbl Caravane pour la Paix et la Solidarité, avaient tenu à délivrer un message : « Les femmes issues de la migration doivent faire face à des discriminations multiples et nous rencontrons de plus en plus de femmes nouvellement arrivées en Belgique qui sont très isolées socialement et sont confrontées à diverses formes de violences. Ces femmes connaissent peu leurs droits et les structures d'aide existantes. Elles n'y ont pas toujours accès de par leur statut et elles ont un risque accru de précarité. » Chiffres à l’appui, Anne Oger, conseillère CPAS, a redit à quel point la pauvreté a un visage, avant tout, féminin. A Namur, les femmes de moins de 18 ans et celles de plus de 65 ans qui vivent seules, ainsi que les femmes à la tête d’une famille monoparentale, font davantage appel à l’aide sociale.
Femmes et Formation.
« Selon le dernier rapport statistique « Femmes et Hommes en Belgique » de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH), le niveau de formation des femmes a fortement évolué au cours des dernières années », a poursuivi Dorothée Klein, par ailleurs, porte-parole de la vice-Première ministre, ministre de l’Intérieur et de l’Egalité des chances, Joëlle Milquet. Parmi les plus jeunes tranches d’âge (en-dessous de 55 ans), les femmes représentent la majorité des personnes hautement qualifiées, alors que les hommes représentent la majorité des personnes peu ou moyennement qualifiées. Ainsi, parmi les étudiants des hautes écoles et universités, les filles sont majoritaires avec 54,8 %. Mais dans les filières des sciences exactes, des mathématiques et de l’informatique, leur proportion se réduit à 30,1 % et elles ne sont que 23 % à opter pour des études d’ingénieur.
100 ans au Féminin Pluriel tient donc à redire que ce n’est pas tant le manque de formation des femmes qui poserait problème, mais plutôt une mauvaise orientation, un mauvais choix d’études.
Elise Solbreux d’Interface3 Namur, Marie-Anne Delahaut pour Millennia 2015 et Luxandra Farcas, active dans la campagne « Get online week 2012 », ont répété à quel point il est important pour les femmes de s’intéresser aux sciences et aux technologies nouvelles.
3. Femmes et Emploi
Mieux qualifiées, pour la plupart, les femmes restent toutefois moins nombreuses sur le marché du travail. Selon l’IEFH, 67,4 % des hommes en âge de travailler ont un emploi pour 56,4 % des femmes. Au niveau de la fonction publique, les femmes sont généralement aussi nombreuses que les hommes, voire légèrement plus nombreuses. C’est ce que l’échevine Geneviève Lazaron a confirmé pour l’administration communale de Namur, chiffres à l’appui.
Mais l’écart est beaucoup plus important quand on parle d’activités indépendantes. 65 % des indépendants à titre principal sont des hommes, pour seulement 35 % des femmes. Selon une enquête sur les forces de travail (2010), 36,4 % des hommes indépendants emploient du personnel, pour seulement 22,4 % des femmes. Pour accroître le taux d’emploi féminin, Catherine Henry, Namuroise et présidente nationale des Femmes cheffes d’entreprises, plaide pour un soutien accru aux femmes qui veulent se lancer dans des activités d’indépendantes.
Les membres de 100 ans au Féminin Pluriel ont convenu de se retrouver pour une nouvelle réunion de travail afin de trancher dans les propositions qui ont émergé. Ainsi, il a été suggéré de demander la création d’échevinats de l’Egalité des chances. Cette compétence est souvent attribuée aux échevins des Affaires sociales, mais elle est souvent limitée au dialogue interculturel, en oubliant l’égalité entre les femmes et les hommes, considérée comme acquise. A défaut, un conseil consultatif des femmes (ou de la parité ou du genre) pourrait être pertinent, comme il existe parfois, dans certaines communes, un conseil consultatif des aînés. L’idée serait aussi de demander à avoir davantage d’indicateurs et statistiques selon le sexe, voire d’arriver à une politique de « gender mainstreaming » qui entend mesurer l’impact des décisions prises sur le genre. Autrement dit, dans quelle mesure les politiques menées profitent-elles également aux femmes et aux hommes ? Ainsi, selon Dominique Sonveaux, administratrice d’une fédération sportive, l’accès au sport reste plus difficile pour les filles que pour les garçons. Même en l’absence de « gender budgeting », on peut en effet facilement imaginer que les politiques sportives, où le foot prend une place prépondérance, profitent davantage aux hommes qu’aux femmes.
Une fois finalisées, les propositions de 100 ans au Féminin Pluriel seront adressées aux candidates de tous les partis dans les semaines à venir. L’objectif est de faire du Namurois, d’une province qui comptabilise actuellement le plus faible pourcentage de conseillères provinciales ( !), des exemples pilotes en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ;)
Pourquoi ? En guise de réponse et de conclusion, l’association reprend totalement à son compte la citation de Stendhal, prononcée, hélas voici deux siècles :
“L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain et ses probabilités de bonheur. »
Stendhal (1817)